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  • Writer's pictureOlivier Mageren

Sexe et musique

Updated: Nov 30, 2018

Voici le partage d’une femme unique, comme chacun de nous, dont le parcours de vie sexuelle fut jalonné de moments intenses, magiques, mais aussi plus difficiles. Parce que la sexualité ne peut s’extraire de notre évolution de vie, des étapes et des épreuves que l’on rencontre, de l’autre et de nos choix. Sur filigrane d’émerveillement de sa propre vie sexuelle, cette dame combine rêve, compétences et réalité, toujours en donnant le meilleur d’elle-même. Pour faciliter le récit, j'appellerai cette dame “Amélie”.




Le moment d’éveil de ses premières sensations d’orgasme est teinté dans ses mots, sa voix, sa vibration, d’une poésie toute particulière. Elle me relate qu’à l’âge de 6 à 8 ans, elle allait souvent s’occuper de ses petits cousins, cousines. Sa tante et son oncle faisaient régulièrement l’amour l’après-midi. Avec une joie et un amour partagé qui rayonnait dans la maison. L’acte d’amour sexuel était pour eux si naturel, Amélie pouvait entendre leurs ébats, leurs mots doux, leur plaisir, leurs symbiose. Après cette rencontre au lit, les parents vaquaient à leurs occupations respectives. C’était ensuite le moment de mettre les enfants à la sieste. Alors que les petits s’endormaient dans la chambre, Amélie était allongée sur le lit encore chaud de la chaleur des corps de sa tante et son oncle. Cela stimulait et éveillait Amélie. Les petits s’endormaient hyper vite dans cette ambiance si sereine et paisible. Comme si l’amour des parents rayonnait encore et apaisait ceux qui avaient la chance de baigner dans cette aura. Amélie se laissait naturellement guider par cette ambiance exquise pour s’adonner à des caresses érotiques.


Elles y goûtait des orgasmes d’une force absolue. Tellement forts, que ses cellules en gardaient la mémoire. Cette mémoire corporelle l’a accompagnée toute sa vie, comme un cadeau et une source.

Vers 12 ans, elle se dit avoir eu tort de rechercher les mêmes sensations. Parfois elle y arrivait, parfois pas. Elle a grandi avec la profonde expérience qu'il n’y avait de vrai que la sensation. Ce fut un fil conducteur tout au long de sa vie.



Ma tante et mon oncle parlaient aisément de sexualité et la nudité avait toute sa place. Belle et respectée. “Entendre gémir ma tante et mon oncle, entendre le bruit de leur respiration, leur mots doux. Sentir leur amour tant physique que psychique, leur passion, fut pour moi l’équivalent d’un autorisation à la sexualité.” Une véritable acceptation et un accueil. J’ai appris la liberté des sens et l’amour de la musique. Mon oncle était mélomane. Il m’a laissé entre autre sdes traces extraordinaires de musicalité. J’ai souvent combiné musique et sexualité.


L’éducation sexuelle avec ma tante et mon oncle était empreinte d’une totale acceptation. Il n’y avait pas de tabou, le sexe était beau.


Amélie eu son premier petit copain à l’âge de 16 ans. Le père de son copain imposait un interdit à leur relation. Amélie expérimentait et développait de très fortes sensations en flirtant. Elle n’a jamais eu de pénétration avec ce partenaire. Mais la beauté, le respect, la tendresse comblaient Amélie. Les effleurements lui étaient exquis. Elle arrivait à vivre des orgasmes sans être touchée. C’était de l’ordre du subtile, de l’énergétique. Les sensations, il n’y a que ça de vrai, me répète-t-elle.


Elle a découvert la force du sentiment amoureux. Cette force d’être désirée sexuellement, est juste extraordinaire pour une femme, me dit-elle. Mon sexe est un bijou sacré que je porte. Ma vulve, mon vagin. Je sais dire non quand je n’éprouve pas les sentiments et les sensations que je désire.


Pour diverses raisons elle décida de rompre cette première relation, quelque peu à contre coeur. Il s’ensuivit une période difficile de deuil de cette relation pendant 2 ans.

Par la suite, elle eut plusieurs prétendants qui la désiraient pour le sexe uniquement.

“Ce pourquoi je suis très fière aujourd’hui, c’est de m’être toujours respectée et d’avoir osé dire non à tous les actes sexuels que je ne désirais pas totalement”.


A cette époque, elle refusa maintes propositions de partenaires sexuels. A 19 ans, Amélie rencontre son futur mari. Elle ne lui offrit pas de suite des relations sexuelles, afin de s’assurer de sa sincérité.

J’ai eu mes plus beaux orgasmes en faisant l’amour en écoutant de la musique.


J’ai eu mes plus beaux orgasmes en faisant l’amour en écoutant de la musique.

J’ai un grand imaginaire et beaucoup de créativité. La musique me transporte dans des sensations fabuleuses”.

J’ai fait l’amour à cet homme de manière sacrée, érotique, avec respect, douceur. Mes sensations sexuelles étaient délicieuses, tant au niveau de ma vulve, que de mon clitoris et de mon vagin. Nos échanges étaient très sensuels, nos corps vibraient juste. Mon corps ne m’a jamais trahie, et j’ai toujours pu l’écouter pour me laisser guider vers ce qui était juste pour moi.


Amélie souhaitait beaucoup d’enfants. Cependant, pour que sa belle-famille l’accepte, elle dû renoncer à son premier enfant. “J’ai appris comment la frustration naît”. Ma peur d’une grossesse diminuait mes envies sexuelles. Et générait chez mon partenaire de la frustration.

Amélie eu une première prise de conscience après environ 5 ans de relation. Elle était très peu à l’initiative des relations sexuelles. Elle avait un mari très désirant. Elle n’a pas développé son élan sexuel. Comme son excitation démarre très vite, cela rendait les choses aisées. Mais elle ressentait une insatisfaction. Elle se remit en question et se rendit compte qu’elle était plus lente que son mari pour laisser développer son élan sexuel et laisser ses propres sensations s’éveiller et se manifester.


Les préliminaires rapides, faire l’amour quand son partenaire ressentait un “trop-plein”, elle n’en voulait plus. Elle se dit STOP. C’est à ce moment qu’elle décide d’exprimer davantage ses désirs et qu’une différence de rythme s’est fait sentir.

Le nombre de relations a alors diminué. Ce fut difficile pour son mari de s'apercevoir qu’il n’était plus maître du jeu. Et qu’elle prenait sa place du désir à part égale.

Parallèlement à cette remise en question, elle allaitait son enfant. Durant cette période, elle se sentait plus maman que femme. Et ça, son mari ne le comprenait pas. Il ne comprenait pas son indisponibilité. Et de son côté, elle ressentait beaucoup de plaisir à allaiter, d’autant plus qu’elle avait attendu longtemps son premier enfant. Aussi, elle avait l’impression d’une certaine jalousie de son mari face au bébé.


Elle souligne qu’elle a accouché en musique, ce fut merveilleux. J’étais maquillée, bronzée,... heureuse me-dit-elle. La musique participe à beaucoup de moments de plaisir et en est même un moyen d’accès.


Une autre évènement dans sa vie affecta sa sexualité. Elle eu une salpingite, c’est-à-dire une inflammation des trompes de Fallope. Elle dû se faire opérer et malheureusement, son bas-ventre fut inaccessible un long moment. Elle le vécut comme un véritable traumatisme. Elle dû accepter d’interrompre sa vie sexuelle.

Un autre trauma l’attendait plus tard, lors de son deuxième accouchement. D’une part son oncle tant aimé meurt et elle ne peut assister à l’enterrement. Et d’autre part, elle reçoit la péridurale d’un étudiant, qui la pique sept fois dans le dos. Son petit-bassin et ses jambes sont restés paralysés plus d’une semaine. Ce fut une terrible épreuve, entre la peur de l’handicap, et la colère que ce traumatisme tant physique qu’émotionnel éveillait en elle.


Elle aurait souhaité 7 enfants. Mais elle renonça aux autres grossesses suite à ces traumas. Ces changements ont fortement impacté sa vie érotique. Il fallut des années pour que sa vie sexuelle reprenne et que le bien-être corporel revienne progressivement.

Questionnée sur la reprise de sa vie sexuelle après l’arrivée du second enfant, elle me répond que tout a été progressif. Son mari a toujours été quelqu’un qui gérait ses émotions et son excitation. Il était pudique verbalement. Mais terriblement fier de ses enfants et de sa femme. Il nourrissait beaucoup d’amour et d’attention pour sa femme dont il appréciait énormément le fait qu’elle prenne toujours soin d’elle, à se faire belle.


Sa belle-famille mettait des obstacles à leur couple. Mais ces ennuis n’ont eu d’effet que de renforcer le couple. Cependant, c’est la dynamique entre le mari et sa propre mère qui causa de profondes modifications de leur vie sexuelle. “Mon mari ne prenait pas position d’homme face à sa mère. Il ne s'affirmait pas, ni ne posait des limites. Il était soumis.” Ce fut une épreuve longue qui ne s’est toujours pas terminée. Cette prise de conscience fut un autre pivot de sa vie, me dit-elle. Elle ressenti dans son ventre une force de vie énorme.


Une capacité d’affirmation intense et, comme toujours, elle est restée loyale par rapport à ses ressentis. Alors qu’Amélie s’affirmait et protégeait ses enfants, au désarroi de ne pas voir cette attitude dans le chef de son mari, elle ressentait une distance sexuelle se créer entre eux.



Quand son beau-père eu des difficultés de santé suite à un cancer de la prostate, elle le prit en charge, alors même qu’elle était enceinte. La fatigue s’accumulait sans qu’à nouveau son mari ne s’affirme face à sa mère. La dynamique était à nouveau tendue.

N’osant pas s’affirmer contre sa mère, le mari agit comme un miroir aux blessures d’abandon et de rejet qu’Amélie portait en elle. Amélie est fière d’avoir su développer une empathie et compassion tant envers son mari qu’envers sa propre histoire.


Néanmoins, cette épreuve a largement modifié sa vie sexuelle. Et ses élans sexuels ont drastiquement diminué.

Aujourd’hui, alors qu’elle est toujours animée de souvenirs sexuels merveilleux avec son mari, elle a perdu espoir. Il ne souhaite pas se remettre en question, ni évoluer dans ses comportements. Amélie n’a plus de rapports sexuel savec lui. Elle s’est séparée de son mari. Mais garde un respect intense pour lui, pour leur histoire érotique magnifique.


“Je ne serais pas ce que je suis devenue sans l’amour et les ébats amoureux avec cet homme. L’amour m’a transformée. Est-ce logique de ne jamais avoir eu envie d’autres relations sexuelles? Y a-t-il eu des relations extra conjugales? Je ne pense pas. On vibrait tant l’un pour l’autre, qu’on l’aurait ressenti. Mais je n’ai jamais abordé la question".


Aujourd’hui, je m’occupe de ma sexualité à moi. J’ai conscience que tout passe par moi, avant de pouvoir envisager le partage avec l’autre. j’ai une grande confiance sexuelle, mais elle est tellement diminuée par tant d’épreuves de vie.


Pendant des années, j’ai laissé la vie choisir pour moi en ce qui concerne l’érotisme et la génitalité. Ma quête sexuelle aujourd’hui est de revivre des sensations similaires à celles que j’ai pu vivre par le passé, avec autant de ferveur, d’élan, d’amour, et de pénétrations lentes et douces. Mais je ne suis pas encore prête. J’aspire à trouver un homme adulte, responsable, autonome, totalement libéré de son passé sans peur de se donner dans la sensation d’ivresse orgasmique.

Cette interview m’apporte une dynamique de transformation, une note constructive. Je retrouve la parole et le goût de la vie.


Et je te répond,s merci pour ton récit riche de beauté, de questionnement, d’émerveillement, de réalité belle et difficile à la fois. Je te remercie pour ce partage qui résonnera très probablement dans beaucoup de coeurs.




Ce témoignage est merveilleux à mes yeux. Et j’imagine qu’il puisse éveiller chez vous des réflexions et des émotions.


Une vie sexuelle est faite de tant de paramètres, de hauts et de bas. Amélie a eu la chance de bénéficier d’un éveil sexuel hors du commun. Totalement épanouissant. Elle a bénéficié d'un magnifique départ dans sa vie sexuelle. Ensuite, des événements de la vie l’ont affectée, entre complications médicales, prises de conscience, grossesses, évolutions, difficultés familiales, relationnelles et de santé. Un parcours riche qui continue à s’écrire.


Plusieurs points m’ont particulièrement interpellé:

Le lien entre la musique et l’orgasme pour Amélie est magnifique. Elle a toujours combiné sexe et musique. Comment cette expérience Sexe-Musique-Orgasme est-elle partagée par d’autres personnes? Je me le demande.


La sexualité et le désir sur le long terme dans une relation de couple sont étroitement liés à l’évolution personnelle des partenaires. Si l’un avance dans son développement mais pas l’autre, une distance se crée, des tensions émergent et impactent la vie sexuelle indéniablement. L’art du sexe, c’est aussi l’art de la relation et d’évoluer vers plus de plénitude, d’affirmation de soi, ensemble.


Les interventions médicales prennent rarement la sexualité des personnes en jeu. Heureusement, cela change progressivement. Certains parlent à juste titre de violences médicales. Ne fut-ce dans la manière de communiquer, d'expliquer, accueillir et de demander l’accord de la personne soignée avant d’agir. Prendre le temps et considérer la personne dans son ensemble. Passer par l’esprit pour informer le corps. Accompagner tout acte médical d’empathie et de réconfort, particulièrement lorsque la sexualité est impactée.


Les expériences sont fondatrices et initiatrices. Selon elle, l'erreur est de vouloir rechercher les mêmes sensations, alors que chaque plaisir est différent. C’est l’orgasme qui nous choisit. La sensation, il n’y a que ça de vrai. Une boussole infaillible.

L’interview et cet article datent de plusieurs mois. Un long travail doux et patient, jusqu’à se sentir prêt pour la publication. A la relecture du récit quelques mois après l’interview, Amélie me confie le coté évolutif de ses perceptions et de sa vie. “Je me suis coupée de ma réalité, car ma vie était trop douloureuse, pour survivre à la perte. Si je ne choisis pas ma vie, la vie choisit pour moi. Aujourd’hui, je suis sur un chemin où j’accepte ce qui est. Et accepter selon moi, c’est mettre l’énergie dans ce que je désire.”

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